Objectifs
Définition
Les différents types de produits, leur stockage et leur manipulation
Les ZNT
Les conditions pour traiter
Gestion des déchets
Définition
Produit phytopharmaceutique : préparation contenant une ou plusieurs substances actives présentées sous la forme dans laquelle elles sont livrées à l'utilisateur. |
Il a pour but de protéger les végétaux contre tous les organismes nuisibles ou prévenir leur action, détruire les végétaux indésirables,...
Les produits phytopharmaceutiques sont connus pour leurs nuisances sur la santé humaine. Leur exposition augmente les risques de maladies (neurodégénératives, hémopathies, troubles de la reproduction et plusieurs types de cancers). Ils doivent donc être stockés et manipulés avec précaution.
Les produits phytosanitaires sont répartis en 4 catégories :
Les produits de synthèse
Les produits de biocontrôle
Les produits autorisés en agriculture biologique
Les substances de faible risque
Les différents types de produits phytosanitaires sont :
Les fongicides qui luttent contre les champignons
Les herbicides qui luttent contre les adventices
Les insecticides qui luttent contre les insectes, larves, œufs
Les acaricides qui luttent contre les acariens
Les corvicides qui luttent contre les corvidés (corbeaux)
Les molluscicides qui luttent contre les mollusques (limaces)
Les rodenticides qui luttent contre les rongeurs.
Le stockage des produits phytosanitaires
Le stockage des produits phytopharmaceutiques est réglementé : en effet, on ne stocke pas ce que l'on veut, où l'on veut.
Ces principes ont 3 buts essentiels :
Assurer la sécurité des personnes
Assurer la sécurité des milieux naturels
Conserver les qualités des produits stockés
Texte légal :
Le stockage et le rangement des produits de protection des plantes répondent à des règles de sécurité strictes. Il est donc important de les connaître.
Les produits toxiques et CMR doivent être séparés des autres produits.
Les comburants ne doivent pas se trouver à proximité des inflammables.
Les produits corrosifs sont à disposer dans des bacs de rétention individuels.
Les produits non utilisables (PPNU) détériorés, périmés, plus autorisés, sont à stocker à part avec la mention « ne plus utiliser »
Fondamental : Les pictogrammes
Les ZNT et les riverains (Zones de non traitement)
Quels sont les risques si je ne respecte pas les distances de sécurité ?
Le principal risque est d'engager sa responsabilité pénale. La sanction maximale est de « six mois d'emprisonnement et d'une amende de 150 000 euros, dont le montant peut-être porté, de manière proportionnée aux avantages tirés du manquement, à 10% du chiffre d'affaires moyen annuel, calculé sur les trois derniers chiffres d'affaires annuels connus à la date des faits ».
En cas de contrôle PAC, les aides risquent d'être réduites de 1 % la première année.
Quelles sont les habitations concernées ?
Les ZNT s'appliquent aux zones attenantes aux bâtiments habités et aux parties non bâties à usage d'agrément contiguës à ces bâtiments.
Les bâtiments habités sont des lieux d'habitation occupés. Ils comprennent notamment les locaux affectés à l'habitation, les logements d'étudiants, les résidences universitaires, les chambres d'hôtes, les gîtes ruraux, les meublés de tourisme, les centres de vacances, dès lors qu'ils sont régulièrement occupés ou fréquentés.
Aucune distance de non-traitement ne s'applique lorsque :
L'habitation voisine n'est manifestement pas occupée.
La parcelle agricole où l'utilisation de produits phytosanitaire est prévue et le terrain à usage d'agrément contigüe au bâtiment habitée sont séparées, sur une profondeur d'au moins 20 mètres, par un terrain dépendant de ce bâtiment habité mais non aménagé en vue d'une occupation humaine régulière (espace boisé, friche, pré). L'annexe 6 de la Charte illustre cette règle par un exemple.
L'habitation voisine est occupée de façon irrégulière ou discontinue, et sous condition qu'elle ne soit pas occupée le jour du traitement et dans les 2 jours suivants le traitement.
Qu'est-ce qu'une zone d'agrément ?
Une zone d'agrément est le plus souvent un enclos privatif attenant à une habitation, laquelle est aménagée en vue d'une occupation humaine régulière (ex : jardin, terrasse, abris de jardin… ).
La manipulation des produits phytosanitaires
Les EPI (les équipements de protection individuelle)
Tout comme les médicaments en médecine, l'effet des produits phytopharmaceutiques n'est pas anodin. Réalisée à partir de substances chimiques complexes, la manipulation est de plus en plus encadrée, car non exempte de risques pour l'agriculteur en termes de santé.
Les contaminations sont fréquentes.
Les risques majeurs sont :
L'inhalation
L'ingestion
La projection sur la peau ou les yeux
Pour se prémunir face à ces risques, l'utilisateur doit s'équiper d'EPI :
Gants homologués
Bottes
Lunettes
Combinaison homologuée étanche ou tablier
Masque à charbons actifs A2, P3 (A2 contre les gaz, P3 contre les particules). Pas de masque à poussières -> Insuffisant !
Il existe deux types de toxicités :
La toxicité chronique: elle est plus insidieuse. Une intoxication chronique survient après une exposition répétée à de faibles quantités. Les symptômes peuvent se manifester à long terme : mutations génétiques, cancers …
La toxicité aiguë :
Se manifeste dès le contact du corps avec le produit. Des symptômes surviennent rapidement : vertiges, nausées, tachycardie (cœur), paralysie,...
Lorsque les étapes de manipulation du matériel sont terminées, il faut nettoyer bottes, vêtements imperméables, gants avant de les retirer. Le matériel doit être rangé dans une armoire prévue à cet effet.
Attention aux cartouches du masque: il faut noter le temps d'utilisation, les démonter et remettre l'opercule de protection. Les cartouches ouvertes doivent être stockées dans une boîte hermétique.
Prendre une douche après le traitement.
Préparation de la bouillie
Définition : Bouillie
Association d'un ou plusieurs produits phytopharmaceutiques, additionnés à de l'eau afin d'effectuer un traitement.
La bouillie doit être préparée à l'extérieur, sur une zone à moindre risque : zone plane, imperméable (avec une zone de rétention), éloignée d'un point d'eau (rivière, bouche d'égout … ). Attention aux aires de lavage de matériels munies d'un décanteur : le trop-plein de celui-ci est relié la plupart du temps au réseau d'eau pluviale, donc à la rivière !).
Si aucune zone n'est adaptée, il vaut mieux préférer un sol perméable: à choisir, il vaut mieux l'infiltration d'un produit plutôt que son ruissellement vers le caniveau !
Lors du remplissage, il faut éviter tout contact entre le tuyau d'alimentation en eau et la bouillie.
Il est possible, en cas d'incident sur le réseau (fuite … ), qu'un effet de siphonage survienne. Cette contamination est rare, mais aurait des conséquences dramatiques.
L'idéal est d'utiliser une potence ou une cuve intermédiaire. Un clapet anti-retour installé sur le robinet d'arrivée d'eau empêche la contamination du réseau par aspiration de bouillie.
L'eau ne doit pas être directement prélevée à partir d'un point d'eau (rivière, fossé, étang … ), pour éviter leur contamination.
Afin d'éviter tout débordement, un volucompteur peut également être installé.
Néanmoins, il faut faire attention aux produits moussants, qui pourraient s'échapper de la cuve.
Remarque : Le remplissage d'une cuve ne se fait pas de façon aléatoire: en effet, un ordre doit être respecté :
➢ Remplir la cuve au 1/2 du volume souhaité (Les firmes (usines) phytos préconisent un remplissage au 1/3).
➢ Verser le produit de traitement en se plaçant dos au vent.
➢ Agiter le mélange eau/produit.
➢ Ajouter l'eau restante.
Si plusieurs produits sont utilisés, l'incorporation doit se faire dans cet ordre :
➢ Les produits particuliers (sachets hydrosolubles)
➢ Les solides (granulés, poudres)
➢ Les liquides (suspensions, solutions, concentrés, adjuvants, huiles)
Complément : « remplir son pulvérisateur »
Les conditions pour traiter
Certaines conditions météorologiques doivent être réunies afin d'effectuer un traitement efficace.
Un arrêté de 2006 précise ces conditions.
En effet, si elles sont défavorables au traitement, celui-ci sera inefficace (produit « lavé», volatilisation d'une partie de la substance active … ) et nuisible à l'environnement (contamination des eaux superficielles, de l'air. .. ).
Il ne faut pas traiter :
➢ S'il pleut ou si une pluie, même faible, est annoncée dans les heures qui suivent le traitement.
➢ En cas de forte chaleur (température supérieure à 25°C)
➢ En cas de vent supérieur à 19 km/h
➢ Si l'hygrométrie est inférieure à 75%
Texte légal :
L'arrêté du 12 septembre 2006 impose le respect de délais de rentrée (DRE), période pendant laquelle aucune personne non protégée ne doit circuler sur une zone ayant subi un traitement phytosanitaire. Si aucune spécification n'est indiquée sur l'étiquette du produit, ce délai est au minimum de 6h. Il peut être plus long en fonction du produit utilisé : jusqu'à 48H.
L'enregistrement des traitements réalisés est obligatoire (article 67 du règlement CE 1107 /2009) et doit contenir au minimum le nom du produit phytopharmaceutique, le moment de l'utilisation, la dose utilisée et la zone où le produit phytopharmaceutique a été utilisé.
Etre titulaire du certiphyto !
Le Certificat individuel produits phytopharmaceutiques, « Certiphyto », est un document nominatif qui atteste de connaissances suffisantes pour utiliser les
produits phytopharmaceutiques en sécurité et en réduire l'usage.
La gestion des déchets
Définition : Effluents phytosanitaires :
Fonds de cuve, bouillies phytosanitaires non utilisables, eaux de nettoyage du matériel de pulvérisation (rinçage intérieur et extérieur) …
Le fond de cuve est le « volume mort », inhérent au matériel : forme de la cuve, tuyauterie …
Les restes de bouillie ne doivent en aucun cas être vidés dans les égouts, la cour de l'exploitation, ou dans un fossé.
Il doit être dilué avec de l'eau claire (au moins 5 volumes d'eau claire pour un volume de bouillie restante) et épandu sur la surface traitée, à grande vitesse, ou sur une surface enherbée, sans risque (zone éloignée d'un point d'eau, plane … ), jusqu'à désamorçage du pulvérisateur, en s'assurant que la dose totale appliquée ne dépasse pas la dose maximale autorisée pour l'usage du produit.
Pour plus de sécurité, il faut renouveler l'opération de dilution avant de rentrer.
La dilution du « fond de cuve » est nécessaire même pour un pulvérisateur à dos !
Remarque :
Même après une bonne gestion du fond de cuve, les eaux de nettoyage du matériel (intérieur de la cuve, extérieur du pulvérisateur … ) sont chargées en
substances actives.
L'épandage et la vidange des fonds de cuve et des eaux de rinçage externe sont possibles dans les conditions suivantes :
À plus de 50 mètres des points d'eau, caniveaux, bouches d'égout, à plus de 100 mètres des lieux de baignade et plages, de pisciculture et zones conchylicoles et des points de prélèvement d'eau destinée à la consommation humaine ou animale.
Toute précaution doit être prise pour éviter les risques d'entraînement en profondeur ou par ruissellement les effluents phytosanitaires.
L'épandage sur une même surface n'est possible qu'une seule fois.
Le nettoyage du pulvérisateur peut être réalisé sur la zone traitée ou sur une aire bétonnée réservée à cet usage. Pour cette dernière, les effluents doivent être récupérés et traités.
Définition : Le phytobac
Bac étanche dans lequel se trouve un mélange de terre et de paille. Les molécules phytosanitaires déversées sur ce substrat sont dégradées par les micro-organismes (bactéries, champignons, protozoaires) présents.
La gestion des emballages vides
Tout comme les effluents, les bidons doivent subir un rinçage rigoureux s'ils sont vidés :
Rincer trois fois, soit manuellement en agitant le bidon rempli d'un tiers d'eau claire, pendant trente secondes, soit à l'aide d'un rince-bidon à pression. Vider l'eau de rinçage dans la cuve et égoutter le bidon.
Il en va de même pour le bouchon et le doseur.
Définition :
EVPP : Emballages vides de produits phytosanitaires.
PPNU : Produits phytosanitaires non utilisables.
Texte légal :
Un décret de 2002 classifie les EVPP comme des déchets dangereux (Déchets Industriels Spéciaux).
C'est le producteur du déchet (professionnel, service public … ) qui doit faire collecter les emballages par le biais d'une filière spécialisée.
Attention :
Il est strictement interdit de brûler à l'air libre, d'enterrer ou d'abandonner dans la nature les EVPP.
La société ADIVALOR, créée en 2001, assure les opérations de transport et traitement des emballages vides (incinération dans des usines spécialisées).
Des collectes gratuites sont organisées en général deux fois par an par les distributeurs de produits phytosanitaires.
Elles sont à destination de tous les utilisateurs professionnels agriculteurs, communes …
Pour être acceptés, les bidons vides doivent être rincés et égouttés avec les bouchons et les opercules mis à part.
En attendant la collecte, les emballages vides doivent être conservés dans un endroit clos, et déposés dans des sas spécifiques sur lesquelles seront notées
les coordonnées de l'agriculteur ainsi que le lieu de collecte.
Le dépôt en déchetterie est possible si celle-ci dispose des structures de collecte spécifiques.
Les PPNU sont des produits :
Dont l'autorisation de mise sur le marché a été retirée. (AMM)
Dont l'usage n'est pas autorisé pour l'entretien voulu.
Dont l'emballage est en mauvais état.
Dont les qualités sont altérées (Poudre agglomérée,...)
Dont on n'a plus l'utilité.
Tout comme les EVPP, ils doivent être éliminés par une filière spécialisée.
En attendant la collecte, les PPNU peuvent être entreposés dans une partie du local de stockage et doivent être identifiés comme produits à éliminer ( autocollant spécifique).
Une bonne gestion des stocks et l'application de la règle « Premier entré, premier sorti» permettent de limiter la création de PPNU.